BD : L'Extravagante Croisière de Lady Rozenbilt

Auteurs : Reutimann et Gabus
Editeur : Les Humanoïdes Associés



Spin-off de la BD-feuilleton Cité 14 (récompensée du Prix de la Série à Angoulême en 2012), cette Extravagante Croisière de Lady Rozenbilt peut aussi se lire indépendamment comme un one-shot. 


L'histoire s'attarde sur la part de mystère qui résidait encore autour du personnage-chat Alfred Bigoodee. 
Issu d'une famille anglaise pour moitié extraterrestre (et disposant d'un pouvoir d'influence psychique), il s'exprime dans un français littéralement traduit de la langue de Shaekespeare, avec erreurs et inversions de mots... ce que les auteurs parviennent à rendre charmant et non insupportable (sur plus de 100 planches).

On retrouve ce protagoniste en jeune co-pilote d'un gigantesque hydravion, avec à son bord une clientèle richissime et d'étranges captifs. A la surface, une île paradisiaque. Les soeurs d'Alfred sont sur un bateau de pêche, tandis que le paternel, lui, plonge en eaux profondes, à la recherche de fruits mystérieux... qui repoussent instantanément après cueillette. Dès les premières pages, on sent l'aventure potentielle à ces trois niveaux.

Assez classique d'apparence, le dessin de Romuald Reutimann ose pourtant un mélange d'influences très différentes de la BD franco-belge. Il en résulte un graphisme qui sert le récit avec une grande clarté et expressivité. 

"Dès le départ, on a fait le pari de mélanger tous ces genres et d'en sortir quelque chose qui serait à la fois truculent et cohérent. Et à partir de ce même principe, on voulait que ça castagne, que ce soit drôle, que ce soit émouvant, que ce soit déjanté, qu'il y ait des histoires d'amour et de la critique sociale." s'explique le scénariste Pierre Gabus sur le site web de l'éditeur.

Pari réussi avec ce bon moment de divertissement, au suspense bien ficelé, aux multiples personnages attachants... et dont 
la qualité principale est de raviver un plaisir de jeune lecteur, même si cette BD n'est pas pour autant destinée aux petits.


Chronique par Jean Alinea