Editeur : Casterman
Un Chat de plus ? Tiens non, cette fois, Philippe Geluck a eu la
bonne idée de changer un peu sa formule. La Bible selon le Chat se
présente en un album-coffret contenant une histoire suivie, étalée en 2
petits volumes "à l'italienne" ("C'est un miracle ! Regardez ! Il a
multiplié les albums ! Nous croyons en toi, Geluck !"). Chaque page
représente environ une case de BD (certaines en comportant plusieurs,
d'autres juste du texte).
Le premier volet présente la genèse de l'univers. Un démarrage pas
toujours très bien rythmé, à l'humour parfois un peu poussif... mais ça
s'améliorera au fur et à mesure. Le Chat tient ici le rôle de Dieu et
son épouse n'est autre que la Mort (un couple explosif, évidemment, qui
se dirige inéluctablement vers une rupture). Première création
satisfaisante de Dieu, le mouton (ou agneau pascal) devient
simultanément son inséparable compagnon, cobaye et esclave... qui tient
donc plus du disciple de Léonard (par Turk et Degroot) que du Milou de
Tintin.
C'est dans le livre second que Geluck distille ses meilleures idées
du moment, plus inspiré par la création de l'humanité que par un monde
sans elle... malgré les désastreuses conneries qui ont pu s'ensuivre.
L'auteur prend un malin plaisir à mélanger allègrement les références,
disséminant dans ses récits bibliques des allusions tant aux contes de
fées qu'aux clichés de l'Histoire, sans oublier l'apparition furtive de
figurants tels Nestor (le majordome de Moulinsart) ou Sarkozy.
On pouvait craindre que cet exposé loufoque parte en vrille, mais
l'auteur retombe aussi bien sur ses pattes que son félin d'animal. Une
très bonne surprise après quatre albums facultatifs.
Pour parer à cette morosité dans laquelle l'humanité sombre, prenons à la lettre cet ultime commandement : "Tu riras de
tout, car vu qu'on va tous crever un jour où l'autre, seul l'humour te
permettra d'avoir un peu de recul sur les vicissitudes de l'existence."