Auteurs : Ducoudray et Ravard Editeur : Futuropolis
Dans la lignée d'un Printemps à Tchernobyl* de Lepage ou du Photographe* de Guibert, Aurélien Ducoudray propose une BD reportage sur sa participation, au départ un peu improvisée, à un convoi humanitaire en Bosnie en 2002.
Photographe pour un petit quotidien français, son témoignage qui devait prendre la taille d'un dossier de 40 pages se verra réduit comme peau de chagrin, faute de ne plus correspondre à l'actualité brûlante, 10 ans après le début de la guerre et 7 ans après sa fin.
Qu'à cela ne tienne, on retrouve dans cette BD ce qui a échappé à la presse, la vision personnelle d'une première rencontre avec les camps de réfugiés, les relations troubles entre les nations encore naissantes, la pauvreté, les modes de communication différents de la France, l'abnégation et l'investissement des bénévoles qui s'efforcent d'être justes et équitables.
Un peu pédagogique, un peu touchant, un peu humoristique, un peu décousu, un peu tragique, ce récit est tout cela à la fois et pas assez de chaque, d'une certaine façon, pour donner un regard neuf sur le reportage BD. On sent la bienveillance de l'auteur envers ses compagnons de route, envers toutes ces personnalités marquantes croisées au détour d'une livraison, on sent l'envie de partager une expérience forte qui domine le tout.
Mais finalement, c'est presque la quasi silencieuse série de photos en fin d'ouvrage qui semble aller le plus au fond des choses. Là où se tient le regard du photographe.
Même si l'objectif n'était clairement pas d'entrer dans le pathétique, la manière dont est rendue cette aventure humaine manque d'une forme d'intensité qui aurait fait sortir des pages de papier les visages et les émotions, pour les envoyer jusqu'à nous, lecteurs...
On ne se départit pourtant pas d'un sentiment de sympathie pour ce livre, une fois la dernière page tournée.
Chronique par Virginie
