Editeur : Futuropolis
Jean-Luc Cornette et Michel Constant forment
un duo déjà responsable des séries délirantes Red River Hôtel (3 tomes chez
Glénat) et Au centre du Nowhere (4 tomes au Lombard). Cette fois, si les
compères n’abandonnent pas l’absurde, ils le domptent davantage, au service
d’un récit de politique-fiction atypique.
Malgré une entrée en matière très "guides catho" traditionnel, on réalise rapidement que l’action se
déroule dans le futur et que la troupe des
Fauves de Hesbaye sont les jeunesses féminines paramilitaires wallonnes qui
s’apprêtent à constituer une haie d'honneur pour le chef de l’état, le
Capitaine Delcominette. Un faux brave gars, celui-là. En ces temps-là, la
Belgique a éclaté et la République Démocratique de Wallonie, minuscule territoire
fascisant, en difficulté financière mais en quête d’un symbole idéologique fort,
s’apprête à acheter à la Chine la dépouille empaillée de Mao Tsé-Toung.
Sous des dehors d’abord très risibles, cette bande
dessinée titillera chez le lecteur belge la question du devenir incertain de
son pays. Mais c’est aussi nos angoisses orwelliennes que Le sourire de Mao
viennent réveiller, car le thème principal est la manipulation insidieuse de la
jeunesse par de hautes instances juridiques, policières et médiatiques complices.
Ainsi, derrière l’apparente bienveillance, la dérive et l’instauration d’un
nouveau totalitarisme.
Sans être le bouquin de l’année, cette histoire
de complot est néanmoins bien ficelée et suscite un curieux mélange de malaise
et d’humour.
Chronique par Jean Alinea