"Et toi, que faisais-tu là dehors, quelque part sans doute aux abords de la maison de ton enfance, déjà presque aux aguets, que faisais-tu là ?"
Roman écrit dans la bruine et le bois, dans le silence et les cris. Ces Chroniques imaginaires de la mort vive sont la voix fantomatique de la mort, de la culpabilité, de l’identité.
Récit narré à la deuxième personne, c’est un jeune homme qu’on y interpelle, dans les crépitements du jour et les sentiers boueux de la nuit. Lui qui suit la trace de meurtres étranges, œuvres de bêtes féroces ou du diable, qui glacent le sang et les voix des habitants de Vauvert. La Guerre est finie mais a laissé sur son passage un enfant devenu un homme meurtri, alourdi d’images et de sang. C’est lui, ce jeune homme sans nom, qui cherche dans les profondeurs de la forêt ce monstre mystérieux qui terrorise le paysage de son enfance. Et dans ces profondeurs, que trouvera-t-il ?
Ecrit en courts chapitres dont chaque titre est comme la sensation même de son contenu, ce livre ne s’embarrasse d’aucune fioriture, d’aucune lourdeur. Il trace son sillon, énonce, observe, analyse. Et pourtant ressent aussi beaucoup. L’odeur du brouillard et les sons de la forêt. Le parfum de la peur et l’étendue des silences pourtant si parlants entre les hommes.
Pourquoi pas, j’y ai trouvé comme un retour au Roi sans divertissement de Giono, où l’homme et la violence faisaient route commune jusqu’au plus intime de l’âme. Où la rudesse des terres reculées mettaient en exergue la presque pureté du crime.
Un peu comme un roman, un peu comme un conte, un peu comme un sentier initiatique escarpé et dangereux…
Chronique par Virginie