ROMAN : Barbe bleue

Auteur : Amélie Nothomb
Editeur : Albin Michel



Revisitant le conte éponyme à sa sauce stylistique, Amélie Nothomb persiste et signe dans l’humour loufoque. Certes, sœur Anne a perdu son rôle, nul moyen donc de voir l’herbe verdoyer ni le soleil poudroyer. Pourtant, les couleurs ont bien leur place dans ce récit où l’esthétique est notamment portée à son comble dans la perfection… de l’œuf.

Saturnine cherche désespérément un nouveau logement dans les rues de Paris car elle ne supporte plus la promiscuité avec son amie banlieusarde employée chez Mickey. Elle se retrouve donc, répondant à une improbable annonce, colocataire de don Elemirio Nibal y Milcar, dans un appartement de luxe, et ce, pour la modique somme de 500€.

Il y a anguille sous roche, diront certains. En effet, la rumeur court que Saturnine n’est rien moins que la neuvième colocataire de l’aristocrate reclus, les précédentes ayant mystérieusement disparu. Mais goûtant vite aux joies du luxe et ne voulant plus y renoncer, Saturnine fait fi de toutes ces histoires ainsi que de l’interdiction formelle de pénétrer la "chambre noire". Assassin ou pas, son hôte ne l’effraie nullement et elle compte bien tirer parti de la situation…

Comme toujours, Amélie Nothomb propose un roman sans lourdeur mais non dépourvu d’aphorismes (de qualités inégales, il faut le reconnaître). On retrouve la bonne vieille recette de l’opposition dominant-dominé avec une fluctuation des rôles et des positions de force.

Des personnages qui s’imposent sans toujours en imposer et une "incroyable légèreté de l’être" malgré tout. Oscillant entre réalisme et surréalisme, saupoudrant le tout de références à notre petit et typique pays, ce Barbe Bleue a bon goût mais s’ajoute à la longue bibliographie d’une auteur prolifique qui sait, avant-tout, très bien parler de ce qu’elle écrit.

Étonnamment, on lui reprocherait presque, à ce roman, d’être, une fois de plus, trop digeste.

Chronique par Virginie