Editeur : La boîte à bulles
Il s'agit ici d'une nouvelle édition, colorisée et agrémentée de quelques illustrations pleines pages (par Vallale), d’une BD parue en 2004 à La comédie illustrée.
L’auteur imaginait ici une tranche de vie d’un corbeau un peu particulier : doté de parole, il souffre aussi de chagrin d’amour et semble avoir la conscience trouble. Perché sur sa ligne téléphonique, il s’épanche auprès du lecteur. Sa vision des Hommes est bien amère malgré qu’ils fournissent involontairement aux volatiles de son espèce un garde-manger constant : hérissons écrasés, semences agricoles… et puis il y a "mémère", petite vieille bien dévouée, qui le câline et lui offre plein de pâtisseries. C’est la seule humaine qu’il daigne approcher.
Étant donné le style du dessin, on s’attend à tout moment à un rebondissement plus drôle, mais le ton se fait a contrario plus dramatique, les seules touches d’humour étant de la même teinte que l’allégorie : noire. On referme le livre avec plus de cafard que de sourires.
Jean-Christophe Pol a une narration intéressante mais son Chant du corbeau manque cruellement – c’est le cas de le dire – de quelque chose de réjouissant ou de plus surprenant.
Chronique par Jean Alinea