BD : La fille de l'eau

Auteur : Sacha Goerg
Editeur : Dargaud



Judith apprend par hasard la mort de son père biologique, qui, autrefois, avait abandonné mère et enfant pour fonder une autre famille. 

La jeune femme est poussée par une envie irrépressible de s’infiltrer chez cette Sonia et son fils, qu’elle ne connaît pas. Sans doute par besoin de savoir qui était son père, de connaître ses motivations. C’est déguisée en garçon qu’elle arrive par voie fluviale, à pédalo, devant une sublime maison (à la Frank Lloyd Wright), isolée de tout, au beau milieu d’un cadre verdoyant.

Un livre qui aborde le thème de l’identité (familiale et sexuelle), sans jamais définir. Tout se passe au niveau des sensations… que le lecteur est invité à partager au long de ces (environ) 180 pages. Un récit "adulte" dilué dans les non-dits, les comportements a priori anodins, dans les belles atmosphères architecturales, naturelles et oniriques. 

Le trait noir de la plume et les couleurs directes aux aquarelles (m’évoquant parfois un peu Joann Sfar, par certains aspects) se mêlent occasionnellement à des masses d’une couleur uniforme réalisées par ordinateur et suggérant l’inconnu. Visuellement intéressant. Sacha Goerg affine joliment son graphisme au fil des albums pour forger une œuvre sensible. 

S’il manque encore à l'auteur une maturité de raconteur d’histoires, La fille de l’eau marque toutefois une évolution dans sa bibliographie. J'en suis ressorti comme d’un rêve, d’une allégorie psychologique un peu floue, mais qui trotte encore en tête après avoir terminé la lecture.


Chronique par Jean Alinea