Editeur : Gallimard
C’est en réalisant de fausses pages de la série Donjon, dont il est fan, que Stanislas Gros eût l’idée de La Nuit. Et effectivement, en le sachant, on reconnaît l’influence des sieurs Sfar et Trondheim dans la légèreté de ton et dans la façon de surprendre en détournant les poncifs du conte.
Voici donc un récit où l’ennemi qui hante les bois s’avère être la personne la plus gentille sur terre. Où le château du preux chevalier est laissé à la vigilance d’un garde extrêmement maladroit (surtout à l'arbalète). Où le fiston de ce dernier perçoit le monde tel un conte de fées manichéen dont son père serait le héros. Mais au-delà de sa chambre, au-delà de l'heure du coucher, la vraie vie continue, avec les amours et les haines qui prennent des tournures insoupçonnées.
Humour tendre et mélancolie s’alternent dans cet album assez attachant, qui souffre néanmoins de quelques problèmes de rythme et d’une fin qui aurait mérité un léger développement. Et si les dialogues et mises en page de Stanislas Gros sont appréciables, difficile de s’enthousiasmer sur son dessin, très peu original ici.
Chronique par Jean Alinea