Auteurs : Pellejero et Lapière
Editeur : Dupuis
Mexico,1923. La révolution a triomphé et le pays tout entier découvre l’ivresse de la liberté.
Venu des Etats-Unis où il a abandonné femme et enfants, le photographe américain Edward Weston rejoint sa maîtresse Tina Modotti, ex-actrice devenue elle aussi photographe…
Toutes les révolutions ont connu ce moment d’ivresse, quand tombent les vielles chaînes et que les nouveaux occupants du pouvoir n’en ont pas encore forgé de neuves. Tout se passe alors comme lorsque, dans des montagnes russes, on arrive au sommet d’une côte et que le train ralentit avant la plongée. Pendant un bref instant, tout se ralentit, on voit plus loin et nombreux sont ceux qui s’imaginent que cet instant de grâce en déséquilibre sera éternel. Ceux-là sont, quand vient la contre-révolution ou le durcissement de la liberté, quelque peu déçus. C’est de cette grâce et de cette déception que nous parle Denis Lapière, scénariste réaliste et ausculteur attentif des âmes.
Lapiere forme, avec le dessinateur espagnol Ruben Pellejero, un tandem somptueux dans lequel la finesse de l’analyse historique et psychologique de l’un répond parfaitement au trait inimitable par son épaisseur précise et subtile de l’autre.
Voilà donc un diptyque intéressant, voire utile en ce qu’il nous ouvre à une période de l’histoire fort peu explorée par nos manuels scolaires, doublé d’une réflexion intéressante sur la précarité et les limites de la liberté (la liberté créative absolue amène à photographier des urinoirs ; la liberté sexuelle absolue ne mène pas à grand chose puisque Weston retourne aux Etats-Unis auprès de ses enfants).
Tout ce qu’on peut reprocher à l’œuvre, c’est sa longueur. Fallait-il vraiment deux albums pour exprimer ce cul-de-sac existentiel. Je pense, pour ma part, que L’impertinence d’un été aurait gagné à être plus ramassé. Les atermoiements de Weston et Modotti s’éternisent, tandis que le durcissement de la révolution n’est évoqué que trop brièvement.
Au total, une œuvre attachante mais imparfaite, à laquelle je préfère le chef d’œuvre du tandem Lapière-Pellejero, Un peu de fumée bleue.
Editeur : Dupuis
Mexico,1923. La révolution a triomphé et le pays tout entier découvre l’ivresse de la liberté.
Venu des Etats-Unis où il a abandonné femme et enfants, le photographe américain Edward Weston rejoint sa maîtresse Tina Modotti, ex-actrice devenue elle aussi photographe…
Toutes les révolutions ont connu ce moment d’ivresse, quand tombent les vielles chaînes et que les nouveaux occupants du pouvoir n’en ont pas encore forgé de neuves. Tout se passe alors comme lorsque, dans des montagnes russes, on arrive au sommet d’une côte et que le train ralentit avant la plongée. Pendant un bref instant, tout se ralentit, on voit plus loin et nombreux sont ceux qui s’imaginent que cet instant de grâce en déséquilibre sera éternel. Ceux-là sont, quand vient la contre-révolution ou le durcissement de la liberté, quelque peu déçus. C’est de cette grâce et de cette déception que nous parle Denis Lapière, scénariste réaliste et ausculteur attentif des âmes.
Lapiere forme, avec le dessinateur espagnol Ruben Pellejero, un tandem somptueux dans lequel la finesse de l’analyse historique et psychologique de l’un répond parfaitement au trait inimitable par son épaisseur précise et subtile de l’autre.
Voilà donc un diptyque intéressant, voire utile en ce qu’il nous ouvre à une période de l’histoire fort peu explorée par nos manuels scolaires, doublé d’une réflexion intéressante sur la précarité et les limites de la liberté (la liberté créative absolue amène à photographier des urinoirs ; la liberté sexuelle absolue ne mène pas à grand chose puisque Weston retourne aux Etats-Unis auprès de ses enfants).
Tout ce qu’on peut reprocher à l’œuvre, c’est sa longueur. Fallait-il vraiment deux albums pour exprimer ce cul-de-sac existentiel. Je pense, pour ma part, que L’impertinence d’un été aurait gagné à être plus ramassé. Les atermoiements de Weston et Modotti s’éternisent, tandis que le durcissement de la révolution n’est évoqué que trop brièvement.
Au total, une œuvre attachante mais imparfaite, à laquelle je préfère le chef d’œuvre du tandem Lapière-Pellejero, Un peu de fumée bleue.
Chronique par Geoffroy d'Ursel