Les Nombrils - Intégrale (tomes 1 à 4)

Auteurs : Delaf et Dubuc
Editeur : Dupuis 


Vicky et Jenny, les deux petites allumeuses, n’ont évidemment pas fini de tourner en bourrique leur faire-valoir, la trop gentille Karine, ni de faire bouillir les hormones de tout ce que leur environnement compte comme mâles en devenir, à l'exception notoire de Dan. 

Couple à la ville comme à la planche, Delaf (Marc Delafontaine) et Maryse Dubuc nous viennent du Canada. Pas étonnant en fait : ce style de description venimeuse de la vie ado est beaucoup plus ancré dans la culture Nord-américaine que dans la notre, via certains films de collège hollywoodiens. Ceci dit, leurs analyses sont universelles : le sex-appeal comme instrument de pouvoir, ça ne date pas d’hier.

Le premier tome des Nombrils se "contentait" de décrire, avec une cruauté gouailleuse et réjouissante, les relations de pouvoir dans une école ordinaire peuplée d’ados ordinaires. L’enfer au quotidien, quoi, mais sans jugement ni rédemption.

Ensuite, les personnages, même secondaires, prennent de l’épaisseur. Murphy, le boutonneux suicidaire, se rend compte que la pitié qu’il inspire à Karine est une forme de pouvoir : bonjour le chantage au suicide. Et surtout, il y a l’apparition occasionnelle des parents, qui permettent de mieux comprendre les enfants. La mère (célibataire) de Jenny est alcoolique, dépressive et lui a fait des petits frères et sœur de différentes couleurs. Et si Vicky est une petite salope insensible et cruelle, c’est peut-être parce que ses parents cherchent à en faire une machine à réussite sociale, et aussi parce que sa sœur aînée se conduit avec elle avec une vacherie sans nom que la petite s’empresse de transmettre.

Les deux pestes vont dès le troisième tome aussi devoir défendre leur statut de filles les plus populaires du collège puisqu'une nouvelle venue attirera tous les regards masculins et viendra compliquer les choses : Mélanie, la bobo sexy. 

Une série aussi intelligente que cyniquement jouissive, taillée à l’origine en gags de une à trois planches pour la prépublication dans Spirou, mais qui passe avec fluidité le cap des albums... et de l'intégrale.


Chronique par Geoffroy d'Ursel & Jean Alinea

Lisez aussi nos chroniques à propos du 5e tome,
ainsi que du 6e tome des Nombrils.