ASPIC Détectives de l'Etrange - T1 : La naine aux ectoplasmes

Auteurs : Thierry Gloris & Jacques Lamontagne
Editeur : Quadrants




Dans le Paris de la Révolution Industrielle officie Auguste Dupin, enquêteur phénoménologue. Les services de police font appel à lui pour les crimes flirtant avec le paranormal. C'est le cas lorsque Kathy Wuthering, voyante anglaise, disparaît dans des circonstances étranges.

Alors que Dupin est en pleine cogitation sur le terrain, sa stagiaire (une femme) intercepte un client souhaitant tirer au clair l'agression dont il a été victime la veille, et récupérer la montre gousset qu'on lui a subtilisée. La force de persuasion de Flora Vernet est telle que le visiteur accepte de lui confier l’affaire. Une victoire en soi puisque l'époque n'est pas très favorable aux détectives en jupons, fussent-elles intrépides et un peu garçon manqué sur les bords...

Le dessin de Jacques Lamontagne est d'une maîtrise tout à fait bluffante. Ses personnages ont un faciès immédiatement identifiable sans jamais verser dans la caricature. Il excelle à reconstituer un Paris convaincant sans tomber dans les poncifs habituels : pour une fois, on n'a pas droit à la Tour Eiffel au détour d'une page (mais peut-être n’était-elle pas encore construite ?), et l'épopée en voiture dans les petites rues de la ville est un régal. Il faut dire que le scénariste Thierry Gloris mêle plutôt habilement intrigue et endroits étonnants : le chantier de creusement du métropolitain, le théâtre du Grand Guignol...

J'ai aimé le caractère enlevé de l'histoire et sa lisibilité parfaite ainsi que le ton général, en équilibre entre rigueur et ironie.

En revanche, même si le principe de la série est de jouer sur la limite entre ésotérisme et rationalisme, j'ai moyennement apprécié certains passages qui font parfois basculer le récit dans l'incongru total, notamment lorsque quelques figures littéraires ou historiques font un caméo, comme Javert, Chéri-Bibi ou Nostradamus.

Mais wait and see. Si le volume suivant retrouve la maîtrise de celui-ci, peut-être oublierai-je les quelques loufoqueries qui ont un peu gâché mon plaisir pour me laisser aller au bonheur du pur divertissement.

Chronique par Yves