Flood ! Un roman graphique

Auteur : Drooker
Editeur : Tanibis




Si Tanibis a pu faire l'économie d'un traducteur avec cette oeuvre muette en provenance des Etats-Unis (New York, plus exactement), saluons cette petite maison d'édition française pour son audace en lançant ce roman graphique alternatif qu'est Flood !

Pour l'artiste, ce type de projet sans l'usage des mots est loin d'être facile : le dessin doit dévoiler toute sa force expressive mais surtout nourrir une fluidité narrative sans faille. Hormis peut-être dans le genre humoristique, on peut même qualifier l'exercice de périlleux.


Certains y sont brillamment parvenu.
D'autres en ont même fait une marque de fabrique comme par exemple le génial Thomas Ott (édité par l'Association). Tout comme Ott, Eric Drooker utilise ici la technique noir/blanc de la carte à gratter, mais de façon moins détaillée, plus "primitive" et en faisant également - en troisième et dernier chapitre - usage d'aplats bleus (probablement ajoutés par ordinateur), histoire de renforcer la cohérence du titre et du thème. Car "flood" signifie "inondation", "déluge" en anglais.

C'est en effet l'atmosphère générale, bien plus que le scénario, qui donne son principal intérêt à cette bande dessinée. Le graphisme n'est pas "confortable" mais audacieux et expressionniste. On y sent le désespoir, l'insécurité, la solitude, l'humidité régnant dans des rues de New York... On y découvre aussi l'Histoire et les mythes à l'origine de cette métropole. Et puis il y a ces signes annonciateurs d'une catastrophe salvatrice qui bouleverserait sa condition inextricablement décadente. C'est en tout cas la vision qu'en propose son auteur.

Ce bouquin est probablement plus à même de plaire à l'amateur d'art qu'au lecteur de bande dessinée lambda. Les groupes de rock Faith No More et Rage against the Machine ne s'y sont pas trompés en confiant à Eric Drooker la réalisation de pochettes de leurs albums, respectivement King for a Day... Fool for a Lifetime
et The Ghost of Tom Joad. Ces illustrations se retrouvent d'ailleurs mises en scène dans le présent livre.


Chronique par Jean Alinea

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