Linked - tome 1 : Starchild

Auteurs : Llovet, Mathieu, Nau

Editeur : Les Humanoïdes Associés



Charlotte se réveille en ayant tout à fait oublié qui elle est. A l'infirmerie où elle se trouve, on affirme qu'elle suit depuis belle lurette des cours dans le bâtiment, mais elle a la conviction que son passé est ailleurs. Effectivement, l'institut Noé est un établissement bien étrange. Bien que les élèves soient censés y étudier, on a vite l'impression qu'ils y purgent une peine car la violence y est une manière de vivre (sinon la seule). Encore que, les règles du jeu soient encore plus complexes, car, dans ces lieux plutôt glauques, certains jeunes semblent bénéficier d'un traitement de faveur, leur permettant de toujours pousser plus loin de petits jeux sadiques et aidant au besoin les hommes en combinaison qui viennent évacuer les corps des pensionnaires qui ont renoncé à se battre.

Mélange très étrange qu'offre ce Linked. Visiblement, les auteurs ont essayé de se rapprocher de l'esthétique manga. Et, de fait, le résultat est remarquablement "esthétique". Bien que le fond de l'histoire veuille s'enfoncer dans la noirceur, le dessin en noir et blanc de Maria Llovet représente des adolescents aux visages parfaits sous des angles où ils ont l'air de prendre des poses avec, en plus, des looks qui font penser à des gravures de mode. S'il n'y avait de temps en temps les brimades, viols et autres agressions verbales, on en oublierait que l'enjeu de l'histoire est la vie et la mort.

Bref, cet opus est très déroutant, mêlant le beau dans la forme et l'abject dans le fond. Un étrange mariage dont je suivrai avec curiosité les noces (funèbres ou pas) dans le tome suivant. En tout cas, j'espère que l'histoire y sera un peu moins décousue et que les diverses digressions (supposées) du présent essai trouveront une explication solide qui comblera notre attente...

Chronique par Yves