Auteur : Joann Sfar
Editeur : Gallimard
Après l’adaptation très controversée du Petit Prince (que je n’ai pas encore lue) et son film sur Serge Gainsbourg, revoici Joann Sfar avec un nouvel album plus personnel... constituant même un début de série complètement envoûtant !
Tout d’abord, Sfar saute sur une occasion : comment se fait-il que personne avant lui n’ait pensé à adopter ce titre, L’ancien temps ? Cette expression innocente, nous l’avons tous prononcés dans nos jeux de gamins. Ah, "l’ancien temps", cet espace indéfini qui ravive l’imaginaire d’un passé fantasmé ! Mais l’auteur ne se contente heureusement pas de l’idée, quasiment marketing, et il l’applique très judicieusement au domaine du conte. Quoi de plus proche de l’"ancien temps" que "il était une fois" ? C’est élémentaire, mon cher Joann !
Et quel conte ! Un conte ado-adulte qui sait raviver la magie de nos yeux et cœurs de lecteurs ! De l’amour forcément, mais pas à l’eau de rose et non dépourvu d’érotisme. Des créatures des bois, un géant des cavernes ou une licorne, forcément, mais pas de ceux qu’on a déjà vus maintes fois ! Non non non, messires, damoiseaux, dames et damoiselles ! Préparez-vous à être surpris.
L’histoire démarre quelque part dans l’ancien temps donc, celui où il y a des chevaliers. Cassian, jeune apprenti-sourcier, est peu doué en cette matière, mais il a le cœur pur et quelques autres belles qualités, telles le courage et l’intégrité. Au rang des défauts par contre, on peut lui reprocher sa naïveté et une perspective d’avenir beaucoup trop étriquée au goût de sa bien-aimée : mariage, foyer, enfants, tout cela manque cruellement de fantaisie selon la belle Nadège, animale parfois, avide de liberté et d’aventure toujours.
Mais je ne vais pas tout vous raconter ici. D’autant que sous des dehors classiques, l’histoire se complexifie, les protagonistes se multiplient… et on sent une quête philosophique en toile de fond : de la peur de l’abandon au besoin d’une religion, en passant par une réflexion sur la femme et l’amour.
Graphiquement, le trait de Sfar rend ici clairement hommage à celui d’un de ses maîtres : on croirait en effet certaines scènes dessinées par Fred (l’auteur entre autres du Corbac au baskets, du Conteur électrique ou de la série Philémon, pour ne citer que les plus indispensables).
Vivement la suite !!!