ROMAN : Ainsi soit-il

Auteur : Eli Gottlieb
Editeur : 10-18
 

Rob Castor était un auteur fulgurant, brillant, apprécié à l’unanimité et une figure emblématique de Monarch, petite bourgade du nord de l’état de New York. Et puis, le déluge : après avoir assassiné sa petite amie, il se donne la mort, laissant derrière lui les conséquences du désastre planter leur graine.

Surtout dans la vie de Nick, son ami d’enfance. Pris dans le tumulte de l’incompréhension, ce dernier tourbillonne dans les remises en question existentielles. Cette mort-là n’est pas une mort comme les autres. Elle soulève des interrogations, elle demande des remaniements de la réalité. C’est de l’inévitable à l’état brut. Il faut s’accrocher à ce qu’on contrôle encore et s’examiner à la loupe.

Dans le passé, les zones d’ombres, les secrets, les manques, les traumatismes. Dans le présent, l’instabilité. Dans le futur, une nouvelle voie à trouver…

Un roman saisissant de virtuosité, alliant un sens extraordinaire de la structure et fluidité stylistique, qui laisse le lecteur suspendu comme un funambule à ses fins de chapitre. Eli Gottlieb a ce regard aigu qui fait de nombreux auteurs américains des conteurs hors-pair. Pas de complaisance, pas de sucre. On va droit au cœur des choses, farfouillant, remuant et mettant à jour les douleurs vives de personnages à la fois forts et fragiles. Personnages d’ailleurs taillés au couteau, palpables et portant avec eux l’odeur du vrai.

Avec Ainsi soit-il, on joue dans la cour du réalisme hypnotique des grands drames. On oublie l’usage du terme probabilité. On laisse venir et on est percuté.

Maîtrise est ici un mot-clef.
Chronique par Virginie