Auteurs : Manara et Jodorowsky
Editeur : Drugstore
(Pour public averti.
Mineurs d'âge et âmes trop sensibles s'abstenir !)
Mineurs d'âge et âmes trop sensibles s'abstenir !)
La famille italienne des Borgia représente à elle seule la décadence de l’Eglise à la fin du Moyen-Age : deux papes mafieux ; empoisonnements ; manipulations ; fratricides ; inceste…
Alejandro Jodorowsky fait avec Borgia une première incursion remarquée dans la BD de genre historique… Comme d’habitude, sa vision artistique, dyonisiaque, explosée des turpitudes humaines se mêle à un relatif réalisme auquel il nous a peu habitués.
Stupre et lucre dégoulinent de chaque page. Et les femmes séduisantes de Milo Manara rendent bien sûr très crédibles les tentations régnant dans cette Rome chaotique et peu reluisante.
Si, dans les années ’80, le premier Déclic et Le parfum de l’invisible ont marqué le genre érotique, l’acharnement de Manara à exploiter le filon avait fini par rendre ce grand dessinateur passablement inintéressant. On le retrouve enfin dans une œuvre digne de son talent, comme l’ont pu être les grands récits de Giuseppe Bergman. Il s’empare ici de pinceaux et de sa boîte d’aquarelles pour offrir des couleurs directes pouvant rivaliser avec celles de Hermann (notamment dans les derniers Bois-Maury). Attention les yeux !
Manara-Jodo, clairement un duo de choc. Mais si on sent le professionnalisme, on ne sent pas la symbiose (telle qu’on peut la ressentir dans le duo Boucq-Jodo). Manara semble trop préoccupé à maintenir un minimum son esthétisme reconnaissable, tandis qu’on sent chez Jodorowsky une volonté d’exprimer la souillure, l’abomination et le ridicule des prises de pouvoir. Deux visions très différentes qui parviennent toutefois à co-exister et signer une réussite. Il ne reste plus qu'un tome à paraître pour pouvoir donner le verdict final.
Chronique collective de la rédaction Asteline
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