Auteur : Grégory Mardon
Editeur : Futuropolis
Dans un royaume moyenâgeux, les exécutions sont publiques, et nombreuses. Le bourreau, semi-paria qu’entourent de sombres légendes ogresques, fascine le jeune Benoît. Sa curiosité entraînera la condamnation de sa mère. Pétri de remords et de désir de vengeance, Benoît met le feu à la chaumière du bourreau (après avoir bloqué la porte), puis prend la fuite. Il rejoindra une armée de mercenaires dont il grimpera tous les échelons, animé d’une inextinguible soif de violence et de mort…
Issu du dessin animé, Grégory Mardon est entré en BD par la grande porte : en six one shots seulement, il aura publié dans les collections parmi les plus prestigieuses du roman graphique européen : Tohu-Bohu (Humanos), Cornelius, Aire Libre, Expresso et Double Expresso (Dupuis) et enfin, ici, chez Futuropolis. Ce sont surtout ses incursions dans le roman psychologique intimiste qui l’ont fait remarquer tant par la critique que par les amateurs exigeants (Corps à corps, Incognito, Leçon de choses).
Mais si Grégory Mardon change de format à chaque album, il aime aussi explorer de nouveaux territoires à chaque nouvel opus. Le fils de l’Ogre est sa première (et dernière ?) incursion dans le conte noir. Très noir, puisque le style narratif permet à Mardon d’explorer jusqu’au bout un thème qui courait en filigranes dans tous les albums précédents : les dérives de l’esprit humain suite à certains traumatismes affectifs. Avec le thème de l’obsession du sang détruisant une âme de l’intérieur, nous ne sommes pas loin du Macbeth de Shakespeare - jusqu’à l’incursion dans le fantastique à travers un final surprenant par lequel la boucle mortelle sera bouclée.
Décidément, si l’on se laisse glisser sur certaines pentes, la vie risque de devenir "une histoire racontée par un fou à un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien" (dixit Macbeth).
Un album noir et désespéré, mais aussi puissant et superbe.
Chronique par Geoffroy d'Ursel
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