Joachim Regout : Alejandro, tu es un artiste protéiforme qui aborde souvent les lignées familiales, mais tu n’as pas encore écrit de livre pour les enfants. Si tu devais le faire, que voudrais-tu leur transmettre ?
A. Jodorowsky :
A. Jodorowsky :
Je suis justement en train d'écrire un roman pour enfants. L'image de la magie que donne Harry Potter est erronée. Si ce n'est pas moi, quelqu'un d'autre doit apprendre aux enfants à utiliser leurs vrais pouvoirs magiques.
Que veux-tu dire par là ?
Les enfants, beaucoup plus que les adultes, prisonniers dans la cage rationnelle imposée par la famille, la société et la culture, sont en relation directe avec l'inconscient, individuel et collectif. Quand leurs pulsions sont reçues sans obstacles moraux, l'inconscient se transforme en un allié. C'est cette alliance-là qui concède des pouvoirs dits "magiques" à certains enfants.
Tu n’en vis pas, mais tu as déclaré un jour que le roman et la poésie sont les arts auxquels tu préférais te consacrer. Laquelle de tes œuvres est pour toi la plus aboutie ?
Ma vie.
A propos de ta vie, tu as déclaré t’être trouvé depuis tes 70 ans. Ca veut dire quoi, "s’être trouvé" pour toi ? Visiblement, ça ne t’empêche pas de continuer à être créatif et donc à chercher.
S'être trouvé signifie être ce qu'on est authentiquement et ne pas être ce que les autres (la famille, la société et la culture) veulent qu'on soit.
Tu as dit un jour avoir opté à l’âge de vingt ans pour l’imagination plutôt que l’intelligence. L’imagination a-t-elle plus de pouvoir de guérir le monde que l’intelligence aujourd’hui ?
C'est la totalité de l'être humain qui peut guérir le monde. L’intelligence et l’imagination sont des organes d'une même âme.
Merci, Alejandro.
Propos recueillis par Joachim Regout