BD : Lady Snowblood - Tomes 1 et 2

Auteurs : Koike et Kamimura
Editeur : Dargaud (Kana)


(pour public averti)

Emprisonnée à perpétuité, une femme ne trouve d’autre moyen pour se venger de ses trois violeurs que de mettre au monde un enfant qui, plus tard, tuera en son nom. Elle espère un garçon ; c’est une fille. Qu’importe : la petite deviendra Meiko Keiji, "Lady Snowblood", tueuse professionnelle imparable et hors de prix.

Si le nom de Kazuo Koike est avant tout associé au manga,
c’est par l’adaptation au cinéma de ses héros de papier qu’il s’est fait connaître en Occident (essentiellement Crying Freeman et Baby Cart). Adaptations dont cet ex-professeur à l’université des arts d’Ozaka a lui-même signé les scénarios.

"Lady Snowblood : le manga qui a inspiré Tarantino pour Kill Bill." Un bon argument de vente, qui risque de dérouter quelque peu les lecteurs : hormis le personnage de la tueuse et le thème de la vengeance, il n’y a pas beaucoup de liens entre les deux œuvres. En fait, Tarantino s’est très largement inspiré non pas de la BD, mais du film que Toshiya Fujita en a fait en 1973. Dans Kill Bill, l’incarnation de Meiko n’est pas Uma Thurman, mais bien Lucie Liu. Ce qui n’empêche personne de revenir à la source BD, nettement plus riche en péripéties (1000 pages, quand même !)

Or donc, Lady Snowblood vit le jour en 1972, entre les pages de la version japonaise de Playboy. Visionnaire pour l’époque avec son cocktail d’ultraviolence, de sexe malsain et de références historiques au début de siècle japonais, le tout non dénué d’une certaine classe.

Au fil des 15 chapitres, on s’attache de plus en plus à Meiko, personnage tragique, donneuse de mort à qui sont interdits le bonheur et la quiétude. Kazuo Koike a su peupler son scénario de personnages secondaires très réussis : inévitable maître d’armes dur mais juste, mère maquerelle, cour des miracles, et surtout, in fine, un croustillant vieil écrivain vagabond et voleur.

Bref, Lady Snowblood a très bien vieilli et se lit encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir.

Chronique par Geoffroy d'Ursel