Editeur: Flammarion
Après le succès de son premier roman L’Infortunée, paru en 2006, on attendait beaucoup de Wesley Stace. S’étant montré jusque là romancier imaginatif, il prouve avec Les Garçons qu’il a gardé son feu sacré et un excellent sens de l’intrigue.
Dans cette histoire, il y a deux George Fisher. L’un est un adolescent de douze ans, descendant d’une famille de gens du spectacle ; l’autre est une marionnette de ventriloque - un «garçon» - qui appartenait à son grand-père.
Alors que le premier nous raconte sa famille et sa scolarité chaotique au pensionnat (nous sommes en 1973), le second nous livre aussi sa vision des Fisher et sa relation avec Joe, son partenaire aux ambitions trop décalées pour sa mère, une célèbre ventriloque. Même s’ils ne se sont encore jamais rencontrés, les histoires des deux George sont intimement liées et le seront de plus en plus.
On retrouve dans l’écriture de Wesley Stace une force narrative très anglo-saxonne, qui nous happe sans trop traîner. L’alternance de narration des deux George, l’idée même de la ventriloquie et la voix donnée à la marionnette - témoin pas si innocent de la vie des autres -, tout cela donne une densité fascinante à l’ensemble.
Je pense que l’auteur a évolué positivement depuis L’Infortunée : moins de digressions, plus d’habileté dans la construction, un ton encore plus incisif. Il a gagné en vraisemblance, en efficacité et surtout en justesse. La quête de soi, de sa voix/voie, parmi les méandres et secrets d’une histoire familiale complexe, voilà qui n’a rien de simple comme sujet, même si maintes fois abordé. Ce roman a les pieds solides et nous mène brillamment jusqu’au bout.
Chronique par Virginie