BD : 1629 -T01

V
oilà un premier tome qui ne sera pas à portée de toute les bourses. Pour justifier ces 35 euros, nous avons une couverture et un dos splendides, simili-livre ancien jusque dans la matière, les dorures, et puis la pagination est généreuse (136 pages). A l’intérieur en revanche, une impression couleur sur un banal papier très blanc et semi-glacé ne s'avère pas le choix le plus judicieux qui soit pour s'accorder avec l'aspect extérieur du livre. 
 
A
renfort de slogan marketing, les éditions Glénat ont lancé ainsi ce nouveau diptyque de leur scénariste-star Xavier Dorison : "inspiré de faits réels. Le thriller le plus impitoyable de l'Histoire". Le livre lui-même est sous-titré l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, laissant croire qu'on nous propose là une reconstitution historique fiable à peine romancée. Or, si la structure du navire hollandais Le Batavia est fidèle,
le déroulement des événements est très librement interprété, la plupart des personnages sont inventés et ceux qui ont existé transformés, pour correspondre à des protagonistes au goût du jour, tels Jéronimus Cornélius, l'apothicaire qui organisa la mutinerie notoirement sanglante et Lucretia Hans, une des seules femmes à bord.
 
L
e talent de structure narrative de Dorison n'est plus à prouver (cf. Le Troisième Testament, Long John Silver, Undertaker, Goldorak, Le château des animaux) et, malgré quelques moments où la voix off nous perd un peu, le rythme est mené de main de maître, avec les dessins réalistes de Thimothée Montaigne pour nous offrir du grand spectacle.

 Pour l’instant, rien de très original cependant : c'est de la BD classique contemporaine, qui calque ses méthodes "historico-fantasy" sur Hollywood et mise sur l’attrait que suscitera le livre-objet. Est-ce que le second et dernier volet saura apporter une approche de fond plus surprenante sur ce drame prévisible ? Tout se jouera dans le changement des rapports de force entre les protagonistes. A suivre...

Chronique par Joachim Regout