
Le récit, qui se déroule dans les années 1950 en Italie (Naples, Milan), est structuré sur la rencontre à venir de deux hommes. Le premier est un tueur à gages confirmé qui fume comme une cheminée (d’où le titre), le second un ex-boxeur qui a également appris à bien manier le pistolet pour ses commanditaires (mafieux). La tension qui mènera à la confrontation finale semble uniquement mettre en exergue la vanité de leurs existences, voire des existences humaines en général.
Igort tente de renouveler sa narration en augmentant encore la dose de suggestivité, en morcelant l'histoire, la rendant non-linéaire, impressionniste même. Les dernières pages du livre évoqueront d'ailleurs la peinture de William Turner. L’auteur fait usage de nombreux clichés du polar, du roman noir et de l’Italie, comme pour nous donner les seuls indices compréhensibles auxquels nous pouvons nous raccrocher. La place est amplement laissée au graphisme d'Andrea Serio. C’est mélancolique à souhait, frôlant l’abstraction jusque dans le texte en voix off, peu loquace, voire elliptique.
Il n'y a ici aucun personnage qu’on apprend à connaître en profondeur, aucun auquel on pourrait s’attacher. Deux masques froids de durs à cuire, des airs tristes de femmes-objetisées, des passants fantomatiques, des décors auxquels seule la lumière semble conférer de la vie.
Chronique collective de la rédaction Asteline