BD : Go West Young Man

Rassembler les membres de plusieurs éminents groupes de rock n'a pas toujours abouti à la création de grands albums, même s'il est coutume d'appeler ces réunions de musiciens des "supergroupes". Alors l'idée de Tiburce Oger de faire appel à seize grands noms de la BD pour retracer en quatorze histoires l'épopée du Grand Ouest américain avait de quoi réjouir autant qu'être méfiant.
 
Pour rester dans les chiffres, Go West Young Man, c'est aussi 111 pages parcourant 175 ans, de 1763 à 1938. Le tout réuni par un fil conducteur, une montre à gousset que femmes, enfants et hommes vont se transmettre, souvent dans des conditions violentes ou tragiques.

D'abord, la continuité historique est remarquable, avec une grande diversité de sujets abordés. Massacre des indiens, conquête de territoires, guerre de Sécession, Grande Dépression sont au menu et s'enchainent parfaitement.
Les figures classiques du western ne sont pas oubliées, ainsi autochtones de diverses tribus, colons, trappeurs, bandits, prostituées, jolie squaw, guerriers sudistes/nordistes, paysans sont bien représentés. Pourtant l'auteur parvient à créer la surprise et à trouver une petite originalité à chaque récit. Là des supposés vainqueurs se retrouvent perdants, ici un homme trompé finit par aider son épouse et son rival... Une belle réussite narrative donc, sans trou dans le rythme.

M
ais ce qui frappe le plus est la cohérence esthétique ! Pourtant chacun a son style, sa technique de colorisation, de l'aquarelle de Patrick Prugne au sépia de Dominique Bertail, mais tout se passe naturellement, sans que cela choque, sans doute parce que c'est toujours le bon choix.

Résumons donc : une belle plume, seize dessinateurs renommés font ici une "super-bande dessinée" !

Chronique par Reynald Riclet

Livre paru sous le label Grand Angle des éditions Bamboo.
A noter que parmi les dessinateurs participants, Enrico Marini signe la couverture uniquement
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