BD : Minneapolis, Capitale du Funk


Etant un fan de Prince de la presque première heure, une petite lumière s'était allumée quand j'appris par voie de presse la parution de Minneapolis, Capitale du Funk. Car si le livre retrace l'histoire fictive d'un groupe, StarChild, de sa naissance à son split en passant par un certain succès, il est  sans cesse question - en filigrane - de "Son Altesse pourpre". La couverture n'en fait pas mystère, c'est bien sa silhouette toute en ombre chinoise éclairée de violet qu'on y voit. Resituons donc les choses. 

A la fin des années '70, Minneapolis est la ville à la population noire la plus faible des Etats-Unis. La musique qui passe dans ses clubs est essentiellement du rock blanc. Les groupes s'y affrontent quasi-quotidiennement jusqu'à être celui qui sera repéré et aura son heure de gloire. Un funk particulier surgit alors, à la fois électrique dans les guitares et synthétique par l'emploi de claviers puis de boîtes à rythmes (la fameuse Linn drum). Si Prince en devient la figure de proue, des artistes comme Jesse Johnson ou Morris Day du groupe The Time en sont également les fondateurs. Le "Minneapolis Sound" est né et situé distinctement sur la carte du rock mondial. 39 albums studio plus tard, vendus à plus de 130 millions d'exemplaires, seule la figure totémique de Prince existe vraiment encore et laisse peu de place dans l'Histoire à l'émulation qui a eu lieu à cette époque-là.

Les auteurs, Illidge, Tabu et Laxton tentent donc, à travers les Starchild de nous narrer ce qu'a pu être la lutte d'un groupe pour se faire entendre dans cette période hautement créative de la grande ville Nord-Américaine. Theresa Booker voue une passion énorme pour la musique depuis son enfance. Elle joue et compose un peu mais tout cela n'a jamais débouché sur rien. Et puis un jour de 1981, elle le voit sur scène, Prince vient de sortir Controversy, son déjà 4ième album à 23 ans. Il n'est pas encore la star Internationale qu'il deviendra avec Purple Rain, mais c'est la gloire locale, son succès commence à s'étendre aux Etats-Unis. Il fait la pluie et le beau temps sur Minneapolis. C'est pour Théresa LA révélation, un appel à se surpasser, à avoir l'avenir qu'elle a toujours voulu. Elle construit alors son groupe, équilibre parfait de blacks et de blancs, de femmes et d'hommes (tiens tiens, ça ne rappelle pas un petit gars du cru ça ?) et part à la conquête des clubs et du succès.

Cependant, j'avoue n'avoir absolument pas été envoûté par cette BD. Le graphisme un peu raide, la colorisation numérique basique et le papier glacé en font un objet peu engageant, mais c'est surtout l'histoire qui manque de sel - celle d'un groupe fictif qui essaie, rate, bosse dur et entrevoit la gloire. Comme Prince qui a toujours lutté pour être maître de son destin, Starchild prendra ses distances avec la star violette pour garder son indépendance. Il est pourtant difficile de se passionner pour eux, car il n'y a jamais de surprise, pas un moment qui sorte des schémas les plus classiques et rabâchés. Il faut bien la mort d'un membre du groupe pour qu'un peu d'émotion transparaisse.

Une énorme déception, et qui ne vient pas du fait que Prince ne soit pas le personnage central, car je connaissais ce paramètre avant-même d'ouvrir le livre.

Chronique par Reynald Riclet
Minneapolis, Capitale du Funk
est une BD
parue aux Humanoïdes Associés.