ROMAN : Les choses humaines

Une image parfaite, c'est ce que renvoient les Farel. Jean, le père, est un journaliste politique vedette d'émissions télé et radio ; Claire, son épouse de 27 ans plus jeune, est une essayiste féministe connue et reconnue ; enfin Alexandre, le fils, est un brillant étudiant à Stanford aux Etats-Unis.

Le vernis se fendille toutefois lorsque Claire quitte Jean pour Adam, professeur de français dans une école juive. Et Jean, malgré les séances de sport, l'acide hyaluronique et les UV, a tout de même 70 ans et les jeunes - ainsi que son nouveau directeur des programmes - sont prêts à déboulonner la statue à la première occasion. Mais l'explosion vient d'Alexandre lorsque Mila, la fille d'Adam, l'accuse de viol ! Tout vole alors en éclats, et forcément avec une telle famille c'est l'emballement médiatique.

Un procès a lieu, il faudra déterminer s'il y a bien eu viol ou si, comme l'affirme Alexandre, Mila était consentante.

On pense à des couples médiatico-politiques célèbres, à l'affaire DSK, et bien évidemment à MeToo, BalanceTonPorc et à toutes les affaires qui ont été révélées depuis. Un roman bien dans l'air du temps donc, comme tous les livres de Karine Tuil. Ça se lit vite, pas de temps morts, c'est efficace comme une série télé. D'ailleurs, j'imaginais bien une adaptation rapide à l'écran et j'ai appris très récemment qu'Yvan Attal en avait déjà tourné un  film, qu'il devrait sortir courant 2021... si tout va bien. Nous verrons s'il est parvenu à nuancer le propos et à laisser entrer plus de vie et d'interstices pour nous laisser penser.
 
Car si c'est un bon divertissement - tout est millimétré, construit, les répliques assénées comme des vérités, les personnages bien stéréotypés, leurs réactions presque attendues mais pas toujours pour maintenir l'intérêt - il dit tout, laisse peu à l'interprétation, à la pensée. Ce qui le sépare d'un grand livre. Quelques moments intéressants toutefois comme le renoncement de Claire pour la cause féministe lorsqu'il s'agit de son fils, ou l'incrédulité de Jean : on ne va pas détruire la vie de son fils si intelligent et brillant ! Là ça questionne, ça coince et l'on s'éloigne du bon petit livre sympa qui défrise le petit bourgeois. De trop rares instants.

Chronique par Reynald Riclet

Roman paru en poche dans la collection Folio