BD : Monsieur Jules

Après L’adoption, qui le liait au même dessinateur, Arno Monin, le scénariste Aurélien Ducoudray imagine comme personnage central un vieux bouggon, devenu maquereau... par amour. C'est en effet à la demande de sa compagne, la regrettée Marie, qui se prostituait, qu'il accepta ce métier de protecteur

Dans un quartier de Paris en plein bouleversement urbanistique et dans ce milieu du tapin qui, comme les autres, se mondialise, nous avons donc affaire à un souteneur "à l'ancienne", mais surtout d'une trop rare bienveillance et éthique, malgré ses premiers abords rugueux. 

Il cohabite avec Brigitte et Solange, deux péripatéticiennes "matures", dans un appartement qui sert également de lieu de passe. Seule la chambre que partageaient autrefois Jules et Marie reste inoccupée… L'arrivée impromptue, en piteux état, de Tina, une jeune sénégalaise illégale, nécessitera pourtant de l'héberger dans cette pièce "interdite"… et ce sera le début des emmerdes.
 

Les auteurs créent des personnages attachants, mais leur logement étriqué devient lui aussi un protagoniste à part entière sous le trait de Monin. Ce dernier semble parfaire encore la justesse de ses cadrages. Dans l’art de la mise en scène - que nous qualifierons de "cinématographique" - cet album est une leçon et il a donc parfaitement trouvé sa place dans une collection intitulée "Grand Angle" (des éditions Bamboo).

Ce qui s'avère dommage, c'est que la thématique sociale, les cohérences visuelles et narratives fortes n'exempteront pas quelques clichés et une fin prévisible. Beaucoup de déjà vu, mais une lecture plaisante quand même.


Chronique par Joachim