Editeur : Le Lombard
Hermann le workaholic surproduit toujours, multiplie les
collaborations avec son scénariste de fils (Yves Huppen)… et ne nous a
plus offert d’album vraiment réjouissant depuis une dizaine d’années.
Occasionnellement, quelques décors impressionnants (le parc
d’attractions désaffecté du 32e Jeremiah, les scènes de jungle dans
Menace sur le fleuve…) ou des idées amusantes (Retour au Congo, Un gros
chien avec une blonde…) démontrent que le vieux briscard de la BD n’est
pas à court de ressources. Seulement, hormis en matière de composition
de pages (qui restent d’une fluidité narrative impeccable), les choses
lui viennent sans doute moins facilement qu’à sa grande époque. On
aimerait le voir ralentir un peu la cadence pour prendre le temps de
peaufiner (certains visages, décors…)
Autour de ce one-shot noir de noir (dans tous les sens du terme),
intitulé Old Pa Anderson, une banderole rouge de l’éditeur annonce :
“Mississippi, 1952. Face à l’injustice, reste la vengeance.” En effet,
voilà qui résume parfaitement cette bande dessinée : si vous vous
attendez à quelque chose de plus subtil qu’une histoire de loi du
talion, passez votre chemin. Il s’agit juste d’un banal et sordide fait
divers de vengeance durant les dernières heures (du moins légalement) de
la ségrégation raciale dans le sud des U.S.A. Les auteurs nous
gratifient d’un petit dossier documentaire en postface, mais comme
souvent, l’argument “inspiré d’histoires vraies” sert à masquer la
faiblesse du scénario. Le thème a déjà été traité de nombreuses fois et
de manière plus originale.
A noter que la boucle bouclée avec le chien est une
trouvaille qui correspond bien à l'humour parfois grinçant de Hermann.
Chronique par Joachim