Joachim Regout : Je vous sais sensible à l’art roman en architecture…
Hermann : Oh oui, et principalement l’art roman espagnol, du sud de la France… et un petit peu d’Italie.
Qu’est-ce qui vous touche là-dedans ?

Vous semblez chercher plutôt des endroits reculés quand vous partez en voyage.
Ah oui. Vous savez, il y a des endroits qui étaient tellement charmants et merveilleux qui sont tout à coup devenus des usines. Quand un endroit devient hautement touristique, je n’y vais pas. Quand je voyage, j’aime m’arrêter dans un petit village avec une vieille église, sans tourisme, sans restos. J’éprouve là une joie de découvrir quelque chose qui n’est pas chiffonné. Un site touristique magnifique reste magnifique, mais je le comparerais à la plus jolie des putes qui vient de se taper cinquante clients les uns à la suite des autres : elle a quelque chose de chiffonné, de défait, même si elle reste jolie. Les endroits touristiques hyper-fréquentés sont maculés : j’ai l’impression qu’il y a plein de sperme qui coule là-dessus. Quand je vois ces troupeaux de gens aux vêtements bariolés, en short, avec leur caméra, le nez rose cramé par le soleil… ça me donne envie de vomir ! De véritables porcs. Je préfère faire l’effort de marcher plus loin, là où les cars ne s’arrêtent pas. Je n’aime pas l’agglomérat. Je sais que c’est contradictoire, mais le seul endroit où je supporte qu’il y ait du monde, c’est à la foire. J’aime me plonger pendant une heure dans la graille, cette piétaille, ces odeurs, tout ce bruit, cette espèce de folie, les flonflons, les gens qui haranguent le public pour les attirer la clientèle dans leur baraque pour des trucs idiots… Enfin, je sais qu’il y a là également de drôles de loustics qui rôdent… Mais il y a là quelque chose qui me fascine pendant un court moment. Après une heure, j’ai eu ma dose et j’ai envie de foutre le camp.
