
On découvre l'adolescente, joyeuse, insouciante,
rêvant de théâtre, très convoitée pour sa beauté... Un idéal féminin
que sa propre mère, veuve et démunie, ne tarde pas à exploiter. Cette
dernière loue les services de sa fille comme modèle à un peintre tout
d'abord, à des photographes de publicité ensuite, avant de chercher à la
pousser dans les bras d'un homme richissime. Stanford White, architecte
de grand renom, règnant en maître sur les soirées mondaines
tape-à-l'oeil, ferait l'affaire. Cet ogre épicurien et érotomane
proposera protection et achètera la virginité de Eve à sa maquerelle de
mère.

L'ascension et la chute fulgurantes d'une icône
de la société de consommation sont donc racontées par séquences - pafois
anachroniques - dans ce roman graphique d'une bonne centaine de pages.
Avec un style tantôt léger, tantôt post-impressionniste et des couleurs (numériques) qui rappellent Toulouse-Lautrec, le
dessin de Nathalie Ferlut dépeint fort bien l'ambiance de la Belle
Epoque new-yorkaise.
Chronique par Jean Alinea