Chroniques d'Asteline: BD : Journal d’un fantôme

Auteur : De Crécy
Editeur : Futuropolis

Etonnant ouvrage sur les boires et déboires de la "Forme" du dessin avant de… prendre forme, justement. Oui, je sais, cela semble tiré par les cheveux et ma chronique seule ne suffira pas pour en comprendre les subtilités.

Journal d’un fantôme est l’aventure d’un "être", autrement dit d’un genre de petit personnage bibendumesque si cher à Nicolas de Crécy : tout rond, tout blanc, avec des palmes en guise de pattes et de grands yeux. Cet être peut prendre toutes les formes qu’il veut, puisqu’il est la Forme (ou l’informe) d’avant le dessin, en général et en particulier. Il est un état "transitoire", pourrions-nous dire. Associé à son dessinateur attitré – nommé "manager" (un gars pas très frais, soit dit en passant !), il prend les contours et nuances souhaités par celui-ci. Mais ce "concept de la Forme" a aussi un caractère et des pensées bien à lui, qui ne sont pas toujours en accord avec celles de son créateur. Vous suivez ?

S'autorisant autant des débilités que des pensées philosophiques, l'auteur nous offre une sorte de "carnet de voyage" très sincère, graphiquement vivant, où il nous livre les états d’âme d’artistes dessinateurs. Les siens ? Des clichés ? L’ensemble du bouquin est une suite de questions qui trouvent ou non des réponses. Un ensemble de réflexions par rapport aux métiers créatifs, à l’humain, au dessin, aux voyages. Extrait :

"Dessiner était déjà, et depuis toujours, la chose la plus naturelle, la plus évidente et la plus excitante. C’était déjà et depuis toujours un doudou, une construction, des perspectives, de l’énergie, un défouloir, une sensualité, une violence, un faire-valoir, une respiration, une éducation, des histoires, des tours de force, des expériences rapides ou à vitesse réduite, du pain, du saucisson et de la chirurgie esthétique."

Il y a du génie dans tout ça. Sans doute pas l’ouvrage le plus accessible pour commencer à découvrir sa bibliographie mais vivement recommandé quand même, surtout si vous aimez vous-même croquer sur le vif, ou si vous avez été au Japon ou au Brésil…

Chronique par Roseau