BD : Les Technoperes (8 tomes)

Auteurs : Jodorowsky, Janjetov et Beltran
Editeur : Les Humanoïdes Associés


Aux commandes de l’aventure Technopères, trois virtuoses : un maître du scénario (Alexandro Jodorowsky), un digne héritier de la ligne Mœbius (Zoran Janjetov) et un petit génie de l’infographie (Fred Beltran).

Les deux premiers tomes avaient démontré la maestria novatrice du trio en matière de science-fiction. Dès la seconde moitié du troisième, par contre, l’épopée spatiale n'a pu éviter plusieurs enlisements. A force de jouer les prolongations et de flirter avec les limites - sans cesse repoussées - des tabous, Jodo semble s’y perdre dans les dosages de sa science : la fable allégorique perd de son impact philosophique quand elle se met parfois à ressembler à une grande mascarade kitsch, aux notes d’humour scabreuses.

La mise en couleur informatisée et les textures en images de synthèse servent au départ brillament récit et dessins, mais  prennent par la suite fréquemment le dessus sur le trait... et l’abus d’effets numériques n’est jamais heureux en BD, même dans le genre science-fiction. Quant aux monstres du dessinateur, dommage qu’ils soient si souvent plus risibles que terrifiants, surtout quand ils ressemblent à de gigantesques animaux en peluche.

Malgré l'inégalité formelle de la série Les Technopères et le fait qu'elle aurait pu se limiter à quatre ou cinq tomes, il n’en demeure pas moins que sa lecture reste très intéressante, de par son audace et son originalité. Sans oublier les réflexions qu’elle peut susciter, que ce soit à propos des jeux vidéos, d'éveil spirituel ou encore de relations humaines (ou humanoïdes). Dans le 8e tome, le protagoniste paraphrasera Rabelais, rendant une de ses célèbres citations plus actuelle que jamais : "Nous avons trouvé enfin une société où les relations humaines harmonieuses seront plus importantes que le progrès technologique corrompu par un excès de science et un manque total de conscience !" Une note d'espoir qui se greffera à la mémoire du lecteur après avoir tourné la dernière page.