BD : Bernard Prince - T18 : Menace sur le fleuve

Auteurs : Hermann et Yves H.
Editeur : Le Lombard




Après un 16e volume mis en images par Dany (le dessinateur d'Olivier RameauHistoire sans héros...) et un 17e par Aidans (Tounga), la série s'est interrompue à la mort de son scénariste et créateur Michel Greg. Tombée depuis en désuétude, on ne s'attendait plus à voir ressurgir Bernard Prince au rayon des nouveautés... et encore moins sous les pinceaux de Hermann, qui avait délaissé cette série depuis trente ans ! C'est pourtant lui qui s'y colle, avec la contribution de son fils Yves Huppen (au scénario) pour redonner un (relatif) coup de jeune à la saga.

On comprend à présent que les couvertures redessinées par Hermann pour les récentes rééditions ont constitué un exercice de remise en jambe.

Menace sur le fleuve présente un récit d'action classique, voire cliché, réutilisant les protagonistes ("bons" comme "méchants") des tomes antérieurs, en les vieillisant quelque peu et en incorporant quelques éléments technologiques plus modernes.

Avec la couleur directe et l'évolution des tronches, le graphisme donne parfois davantage l'impression de lire un Jeremiah (l'anticipation en moins) plutôt qu'un Bernard Prince. Etant plus amateur du premier que du second, cela ne m'a évidemment pas dérangé, que du contraire, mais qu'en penseront les fans de la première heure ? Si le marin irlandais et alcoolique Barney est plus typé que jamais, le héros au cheveux blancs et Djinn ont perdu de leur identité.

Ce qui me semble surtout  regrettable, c'est cette impression accrue au fil des derniers albums de Hermann qu'il limite la gamme d'expressions faciales de ses personnages. Ces bouches quasi identiques, constamment entrouvertes, sont très disgracieuses. L'oeil trébuche aussi quelquefois sur des anatomies étonnement bancales.

Les atmosphères de jungle sud-américaine sous la pluie sont en revanche une réussite absolue, le vieux dessinateur sait encore impressionner son public. Et s'il ne réinvente pas sa façon de raconter une histoire, son découpage reste très efficace. Il s'est chargé lui-même des dialogues... pimentant ainsi la trame "correcte", mais sans grande originalité de Yves H.