Histoires extraordinaires d'Allan Poe -T03 : La Mort Rouge


Auteurs : Roger Seiter & Jean-Louis Thouart
Editeur : Casterman



 

Dans la ville de Baltimore, le docteur Ponnonner entretient des activités nocturnes pour le moins étranges. Entre ses allées et venues dans la quartier interdit de la mort rouge et ses escapades au bordel, il est volontiers violent, ce qui ne rassure pas sa femme, la cousine de Catherine Monroe (voir tomes précédents). Quand celle-ci débarque du navire “la Virginia”, escortée de ses amis au passé plus ou moins millénaire, elle veut légitimement voir sa parente. Mais les faits et gestes du docteur pourraient entraîner les voyageurs dans des aventures qui dépassent de loin la visite de courtoisie.

Seiter et Thouart continuent leurs relectures d'Edgar Poe. Si ce dernier laissait le temps aux faits surnaturels d'imprégner le lecteur et se plaisait à les analyser d'une manière pseudo-scientifique, les auteurs de cette bande dessinée choisissent de revisiter ses nouvelles avec beaucoup plus d'action et de rapidité, multipliant les personnages. Pas grave. Les meilleurs adaptations sont souvent celles qui transgressent l'original de manière intelligente pour le mettre au format d'un nouveau médium.

Malheureusement, je trouve qu'on aboutit ici à un mix indigeste. De l'ambiance, il ne reste plus que les couleurs de Jean-Louis Thouart qui arrivent plus ou moins à imposer une atmosphère glauque de bon aloi. Les personnages, par contre, sont traités sur un mode superficiel qui ne leur confère aucune épaisseur. Le trait approximatif et assez caricaturalement fun (donc hors contexte), surtout en ce qui concerne les demoiselles, ne concourt pas à ce qu'on prenne l'histoire au sérieux. Cela aurait été nécessaire pour coller les morceaux d'une intrigue qui part dans plusieurs directions en même temps sans qu'aucune ne trouve de conclusion convaincante (il faut dire que Seiter compile 3 récits de Poe en un seul, ce qui ne facilite certes pas les choses).
 
La Mort Rouge se résume donc à un collage sans tension ni cohérence qui est déjà presque oublié dès la dernière page tournée. Dommage. Seiter, en tandem avec Bonin, m'avait déjà passionné avec des intrigues aussi ésotériques dans son excellente série Fog. Cette nouvelle déclinaison des écrits extraordinaires d'Allan Poe ne devrait malheureusement pas rester de la même façon dans les annales.
Chronique par Yves