BD : Les Chansons de Gainsbourg - Volutes 3 : Filles de fortune

Auteurs : Collectif
Editeur: Soleil

Trois albums illustrant les chansons du Gainsbarre, comme autant de petits clips de papier.

Même s’il est quasiment impossible de rendre un hommage collectif à la hauteur de l’œuvre du génial chanteur, ce troisième volume - consacré aux femmes - est franchement dispensable. Pourquoi ces albums n’ont-ils pas fait l’objet d’une sélection / réflexion plus minutieuse ?

Rien à redire sur la bonne idée d’introduire chaque histoire par une citation thématique extraite d’interviews de Gainsbourg. Par contre, la plupart des graphismes de l’écurie Soleil s’accordent très mal aux chansons. On en vient même souvent à se demander s’il y a des affinités (cf. La décadanse). Et quand le corps du chanteur déglingué se voit idéalisé (cf. 69 année érotique), ça frise le risible. Même les meilleurs dessinateurs invités ne semblent pas au meilleur de leur inspiration :

Après deux premières couvertures efficaces, Moebius nous en propose une qui ne casse vraiment rien, cette fois.

La plupart des interventions, de Vicomte à Peynet, de Boiscommun à Loustal, semblent quant à elles bien s’imprégner des atmosphères musicales… mais malheureusement sans aucune inventivité.
 
Sur Couleur café, Dany se contente de faire déambuler une de ces poupées au corps parfait qu’il dessine inlassablement depuis des décennies… sauf que celle-ci a la peau noire, bien entendu. Même pour le décor, il nous ressort sa carte postale de plage déserte au sable blanc. 

Emmanuel Lepage (l’auteur du très beau diptyque Muchacho) ne fait pas preuve de beaucoup plus d’imagination sur Je t’aime, moi non plus, en proposant de l’érotisme très esthétisé, aux corps aseptisés, imberbisés.
 
Bref, on a, en grande majorité, l’impression d’une brochette d’auteurs se regardant le nombril plutôt que cherchant à rendre un hommage vibrant et intéressant à l’homme à tête de chou. 
 
Malgré son aspect cartoon, c’est la dernière illustration de l’ouvrage, réalisée par Eric Carlier, qui me paraît être le clin d'oeil le plus réussi.
 

Chronique par Jean Alinea