American trip - Intégrale du cycle 1

Auteurs : Eillam et Christophe Pernoud
Editions : Bamboo / Grand Angle



Une jeune femme s’échappe d’un hôpital où elle était retenue captive contre son gré. Simultanément, dans les environs, trois français en camping-car s’apprêtent à clore leur périple canado-américain.


Le hasard fait bien les choses. Il y a quelques temps, on a rappelé à votre bon souvenir le Sieur Marazano, spécialiste de la BD où les prouesses technologiques servent le Grand Capital alors que quelques résistants tentent péniblement d’inverser la vapeur (cf. notre chronique de Eco Warriors). On n’en est pas loin ici, sauf que la technique utilisée pour conter l’histoire est diamétralement opposée !
Marazano fait régulièrement tandem avec des dessinateurs au moins aussi techniciens qu’artistes, dont le dessin s’appuie sur la photo, la modélisation 3D et, bien sûr, l’utilisation intensive de l’ordinateur. Bref, des dessinateurs qui ont décidé d’appliquer au neuvième art les techniques du 21e siècle. Même si le scénario s’y prête, dans American Trip ce n’est pas du tout ça : on y fait de la bande dessinée comme on l’a toujours faite, comme on la faisait au 20e siècle, si j’ose dire. Mais bien loin de moi l’idée de critiquer, parce que quand on sort de la lecture de bandes dessinées remplies de prouesses graphiques ou d’effets photoshop, un peu de repos, ça fait du bien ! Les manipulations informatiques, ça a tendance à aseptiser.

L'histoire de Hanne, la jeune héroïne
de American Trip, sujette aux expérimentations médicales, est high-tech comme il le faut, au moins autant que les récits de Marazano (que nous avons pris comme référence dans cette chronique, vous l’aurez compris). Le discours scientifique distillé tout au long de l’album est convaincant. Les alibis commerciaux et militaires raisonnablement crédibles. Bref, on est prêt à croire sans broncher aux possibilités tout à fait hors du commun de la jeune cobaye. Bien sûr, il y a bien quelques maladresses par-ci, par-là, qui dénotent un peu dans ce thriller technologique, comme les personnages secondaires un peu caricaturaux (le cow-boy, le "botaniste") ou l’amateurisme un peu confondant des "méchants", mais rien qui gâche le plaisir d’une histoire qui fait progresser le lecteur à la manière d’une enquête, avec des personnages qui se révèlent de plus en plus attachants au fil des pages.

Que demander de plus ? Une belle couverture ? Vous l’avez ! Très graphique et résumant assez bien ce qui fait l’enjeu de l’album pour qui est assez perspicace.
On surveillera donc l’évolution du dessinateur Eillam et on attend déjà avec confiance les prochains albums de Christophe Pernoud !

Chronique par Yves