Le Japon n'existe pas

Auteur : Alberto Torres Blandina
Editeur : Métaillié



On n’imagine pas d’endroit plus déshumanisé, plus froid et impersonnel qu’un aéroport. Les gens nagent dans la solitude de la multitude, vont et viennent, ne s’observent bien souvent même pas.

C’est dans ce décor qu’est planté Salvador Fuensanta, balayeur de fonction mais conteur admirable. Voyageurs esseulés, partant en quête d’élévation spirituelle, d’évasion, d’amour ou pour le travail : cet homme est pour vous.

S
es journées sont ponctuées de ses visites à la cafétéria, au coin presse, passant la serpillière entre les bancs des différents terminaux. Et pour chaque rencontre, une histoire, une anecdote, où l’on sent que le réel et l’imaginaire s’entrecroisent, grandissant toujours un peu plus et main dans la main.


C
haleureux, espiègle et bavard, Salvador charme quiconque prend le temps de l’écouter, devient une mascotte pour le voyageur et… pour le lecteur.


Q
u’il nous parle d’un étrange club de services rendus, des mésaventures d’un poète mort sur un banc de l’aéroport, de la recherche de pureté d’un ami de jadis ou de sa théorie selon laquelle le Japon n’existe pas (une vraie mystification liée au marketing, mon bon monsieur !), il nous séduit inévitablement.


D
ans un ton ironique et malicieux, Alberto Torres Blandina est un jeune auteur qui a précocement compris comment mener sa barque. Racontant ses histoires dans l’histoire, il parvient à nous faire oublier qu’il y a une narrateur et nous emporte dans chaque épisode sans qu’on ne tique sur la structure du récit. Et c’est très habile. Le personnage du balayeur est cultivé, facétieux, et, à la fois, ne dépassant jamais la limite du crédible, ce qui le rend particulièrement attachant.


L
a fin, plus audacieuse, ne gâche rien et évite judicieusement une chute qui aurait pu faire retomber la qualité de l’ensemble. Beaucoup d’originalité, d’inventivité donc et quelques références socio-culturelles de-ci, de-là. Ce qui fait aussi de bien.


Chronique par Virginie

NB : Ce livre a reçu le Prix Las Dos Orillas qui consiste en la publication simultanée en Italie, Grèce, Espagne, Portugal et France.