Jane Birkin : Enfants d'hiver

Maison de disques : EMI



Elle est loin la petite anglaise qui, après avoir joué dans Blow up (le film culte d’Antonioni) balbutia ses premières répliques amoureuses, dans un français tout approximatif, face à Serge Gainsbourg et la caméra de Pierre Grimblat. Aujourd’hui la ravissante « petite conne » du film Slogan (1969) a toujours son délicieux accent britannique mais est devenue la plus grande dame de la chanson française en vie, avec Françoise Hardy.

Dans Enfants d'hiver, elle se lance dans l’écriture de ses propres textes et dévoile ici un
versant d’autant plus personnel. Impression renforcée par les vieilles photos de famille qui ornent la pochette* et l’intérieur du livret.

Des mots posés et chantonnés sur des douces mélodies composées sur mesure par Alain et Pierre Souchon, Alain Lanty, Hawksley Workman, Pierre-Michel Sivadier, Bertrand Louis et Franck Eulry.

Son côté jubilatoirement infantile est toujours présent (cf. la mignonne rancune de Oh comment ça va ?), mais se teinte avec l’âge de davantage de mélancolie.

Que dire d’autre à propos de ce nouveau Birkin ?
C’est léger mais chargé de passé, tendre et mordillant, moderne et nostalgique. Typiquement elle. Toujours amoureuse… de la musique, de la vie. Des chansons qui passent bien en son de fond ou le son à fond. Une touchante vieille amie, avec qui passer une après-midi dans un fauteuil, tout contre, bien au chaud, avec vue sur mer grise, avec vue sur le froid dehors. Et le vent du temps qui passe et balaie.


Un album cohérent, minutieux, mais réalisé « peinard » (comme elle dit souvent). Et à écouter peinard aussi.


La seule chanson à élever le ton – si je puis dire, car on y sent davantage de tristesse que de colère - est Aung San Suu Kyi. Une consternation face au régime en place en Birmanie et une prise de position en faveur des droits de l’Homme exprimées dans sa langue maternelle.

Chronique par Louis St-Jo

* Oui, c’est elle, âgée alors d'une dizaine d'années, sur une plage de l'île de Wright.