New Wave

Auteurs : Ariel Kenig & Gaël Morel
Editeur : Flammarion


(ROMAN - 189p.)

Faire le chemin en sens inverse est ce qu’a fait Gaël Morel en proposant le scénario de son film New Wave à l’adaptation romanesque. Mis entre les mains d’Ariel Kenig, dont il avait aimé lire Quitter la France, son histoire devient celle du romancier.

Et l’histoire surtout de ses personnages, Eric et Romain, deux ados que tout oppose, le look, la famille, la culture musicale et sociale. Une amitié improbable s’installe, faite de doutes et de souffrance, de jalousie, parfois. Surtout de la part d’Eric qui envie Romain pour son audace, cette liberté qu’il assume au travers de ses cheveux éclatés et de ses yeux maquillés. Liberté qu’il ne retrouve pas dans l’oppression familiale, trop obsédée qu’elle est à éviter le monde, la modernité ou les opinions propres. Romain, lui, a surtout besoin de quelqu’un qui supporte son inconstance, qui soit capable de l’écouter, et de partager son univers créatif encore tâtonnant.

Qui contredira l’intensité de l’adolescence, ses égarements existentiels, ses douleurs à fleur de peau, ses peurs, ou ses amitiés trop fortes ? Quand tout est exponentiel, le corps trop grand, trop petit, pas assez ceci, cela, l’identité aussi malléable qu’une plasticine, parfois, malgré ses efforts désespérés à se densifier?

Parcours touchants, donc, qu’on regarde parfois avec exaspération mais aussi beaucoup de bienveillance, sans doute parce que ça évoque bien des vécus, sans doute parce que ça évoque un peu le nôtre.

New Wave, c’est aussi des chapitres associés à des extraits de chanson : Joy Division, The Cure, The Smiths, Daho, New Order… Comme le sont beaucoup de souvenirs.

Chronique par Virginie