ROMAN : L'Enfant du Jeudi Noir

Auteur : Jodorowsky
Editeur : Métailié


On dit qu’Alejandro Jodorowsky nous livre ici, comme il l’aurait fait dans L’Arbre du Dieu Pendu, ses secrets de famille. Alors on se demande, au fond, ce qu’est un secret de famille…

Auto-fiction pleine de symbolisme et de réalité mystique,
L’Enfant du Jeudi Noir est avant tout une œuvre forte. Alors on se demande, au fond, une œuvre forte, ça veut dire quoi ?

Sans doute est-ce le cas d’un livre qui récupère les éléments d’une vie pour en faire une histoire autre, nouvelle, mettant les événements sous un jour plus spirituel, intégrant la fantasmagorie dans la réalité pour que le message, quel qu’il soit, passe et percute.

Ce récit marque avant tout par sa densité, par son foisonnement d’images et, oserait-on dire, d’allégories. D’images, on en reçoit plein les yeux : folles, absurdes, poétiques, excitantes, lourdes, magiques ou dérangeantes.


C’est l’histoire de Jaime, le père-athée, communiste, sceptique, qui partira en mission d’assassinat d’un dictateur mais sera surtout confronté à lui-même, qui devra se perdre pour se retrouver.

C’est l’histoire de Sara Felicidad, la mère-foi, qui du haut de son mètre zéro sept chante ses mots en accords harmonieux quand l’amour la tient et qui attendra le retour de son homme, attendra à l’intérieur d’un corps devenu rabougri par l’absence. Qui dans l’attente aidera à la bonne marche du monde, des gens, et ce tout en élevant son fils.

Alejandro, enfin, qui raconte et est l’histoire, dont l’esprit est habité par celui du Rebbé et qui devient le vecteur de ses messages mystiques.

Des histoires qui n’en font qu’une.

Je le disais plus haut, c’est un roman d’une densité extrême, pas de pause, pas de souffle repris, de la consistance et de la constance dans cette façon qu’a eue l’auteur de se raconter, de raconter ceux qui ont marqué sa vie. En bien, en mal, en tout. De l’influence des générations les unes sur les autres, il parle aussi. Comme une mythologie familiale dont les actes ont laissé une trace forte.

Mais quelle virevolte, quelle fougue extravagante et inspirée ! Il y a un chemin vers la sagesse, vers l’élévation, emprunté par ses personnages, dans ce livre. Et on tente inévitablement de s’en accaparer un bout. Actes psycho-magiques, chapitres liés au tarot, « renouvellement » des êtres.

L’Enfant du Jeudi Noir est, sans nul doute, plus qu’une forme réinventée d’autobiographie…

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Chronique par Virginie