Cette version 2022 apporte son lot de nouveautés, car aujourd'hui on ne saurait ressortir un film sans scènes coupées au montage, bonus, bêtisier, les albums des Beatles sont assortis de nombreuses versions alternatives et vous verrez, un jour, A la recherche du temps perdu sera en "extented version".
Ici on compte une nouvelle couverture, un format agrandi, une préface sympa de Michel Hazanavicius (réalisateur de The Artist, 0SS 117, etc.), des croquis de recherches sur les personnages, la couverture et la 4ème de couverture de l'édition de 1986, un genre de "making of" de celle de 2022 et une courte histoire en cinq pages.Mais de quoi ça parle mon bon monsieur? Du Père Noël qui s'est enrôlé dans l'armée et va bientôt combattre l'ennemi dans une mission de la dernière chance. La première page est digne des grands films de guerre des années '50 : QG où les généraux règlent les derniers détails d'une prochaine attaque, mines patibulaires, ton sérieux. Et là ça part en sucette.
Le Père Noël, son inséparable hôte sur le dos, ressemble à un truand évadé, barbe de 4-5 jours et bouche crispée. Il a des scrupules, l'opération à venir pourrait faire mal à des enfants ! S'ensuivent scènes et dialogues décalées, humour absurde, non-sens débridé. Goossens en est un maître et a réjoui plusieurs générations de lecteurs formés à l'école Fluide Glacial. C'est donc un plaisir de relire cette BD lorsqu'on a été biberonné à Gotlib et Edika, de se replonger dans cette dinguerie dessinée.Si vous êtes novice, il faut garder en tête que comme tout art, la BD a changé, évolué. Route vers l'enfer reste un chef-d'œuvre de la BD humoristique mais pourra paraître un poil désuet comme regarder une série de la même époque, aussi brillante soit-elle, ne provoquera pas forcément le même effet. L'humour Canal+, le numérique, les séries modernes, les romans graphiques sont passés par là, ont créé de nouveaux standards, de nouvelles habitudes. Cet avertissement pris en compte, vous ne serez pas déçus !