"Dis, pourquoi tu danses quand tu marches, papa ?", c'est la question innocente d'une fille à son père, un matin sur le chemin de l'école. Béa s'interroge car il boîte et ne fait jamais de vélo ou de trottinette comme ceux de ses camarades.
Il va bien falloir lui dire la vérité, lui parler de son enfance au début des années '70, dans un Djibouti où l'influence et la présence française conditionne les vies. A. Waberi fouille dans sa mémoire pour raconter l'origine de son handicap, par petits tableaux successifs.
Dans les méandres de la narration, nous découvrons la famille : sa mère Zahra qui semble se détourner de lui pour son petit frère ; son Papa-la-Tige au travail en permanence ; et Cochise, la grand-mère bienveillante, qui règne sur ce petit monde. Le jeune Abdourahman est souffreteux, c'est "l'avorton" malmené à l'école, lieu de refuge malgré tout par la présence de Madame Annick, son institutrice venue de France. Elle a très vite détecté son goût pour la lecture et son don pour l'écriture.
De cet ensemble pointilliste apparaissent les clés du boitement bien entendu, mais aussi les conditions différentes de vies et d'avenir possible entres colons français et autochtones, la menace des maladies.
Difficile de qualifier Pourquoi tu danses quand tu marches ? de mauvais roman. Le sujet et les différents épisodes sont dignes d'intérêt. Pourtant, jamais on ne se sent emporté ou face à un coup de cœur. Peut-être manque-t-il une écriture plus vive et alerte ? La description historique est peu mordante, l'humour trop discret. On lit ce roman un peu comme on regarde un vieil album de photos sépias de gens qu'on ne connait pas, sans s'émouvoir vraiment.