ROMAN : Le réveil de la bête

Jacques Moulins, ancien journaliste, a sorti ce premier roman en 2020 et s'est immédiatement satellisé sur l'orbite des grands auteurs de thrillers. A tel point que nombreux sont les lecteurs qui espéraient une suite des aventures du commandant Deniz Salère. Ils ont vite été récompensés puisque Retour à Berlin est apparu sur les étals en 2021 avec le même meneur d'enquête !

Mais revenons au Réveil de la bête. Maryam Binébine est retrouvée égorgée dans son appartement parisien et, contre toute attente, un commandant d'Europol s'empare de l'affaire. En effet, la jeune femme était en contact avec lui et s'était infiltrée dans les réseaux ultra-nationalistes d'Europe de l'Est, très actifs, organisés et dangereux.

Comme les bons écrivains de polars, Moulins a parfaitement ficelé son histoire, hyper bien documentée. Mais ce qui à mon sens le fait entrer d'emblée dans la catégorie supérieure, celle des Manuel Vázquez Montalbán, Arnaldur Indridason, Michael Connelly, c'est de ne pas faire de l'intrigue une fin en soi. Avant d'être un roman noir, Le Réveil de la bête est un roman tout court. Un meurtre est prétexte à rencontrer des personnages, des trajectoires, parler de la vie et parfois de politique.

Car pendant que tous ses confrères d'Europol n'ont en tête que le salafisme et les attentats qui en découleraient, Deniz flaire un danger imminent, des attaques violentes de groupes d'extrême-droite venus de tout le continent et déterminés à frapper fort. Nous découvrons à cette occasion l'instance policière européenne, ses luttes intestines, ses intérêts nationaux lorsque la situation réclamerait une coordination internationale, quand le crime est ramifié et utilise le darknet pour s'agglomérer.

Un livre haletant, que l'on lit d'un souffle, avant de "retourner à Berlin" !

Chronique par Reynald Riclet

Livre paru dans la collection Série Noire de Gallimard et en Folio policier pour la version poche.