Les biographies dessinées ont le vent en
poupe ! Si c'est souvent aussi dispensable que
les biopics de cinéma, lorsque c'est
bien fait, qu'un
angle, un point de vue, voire un parti pris sont finement décidés par
les auteurs,
c'est hautement réjouissant. Et d'autant plus si c'est l'occasion de
découvrir des
personnages aussi intéressants que Nellie Bly, dont j'ignorais
totalement l'existence.
Reporter de la fin du XIXe et du début du
XXe siècle, élevée
dans un esprit de liberté assez rare pour l'époque, cette dernière
a été une
grande figure des débuts du journalisme en immersion. Elle a
souvent dénoncé les conditions déplorables de la vie des
femmes et les
violences attenantes. C'est la première de ses "enquêtes de
l'intérieur"
qui a été ici choisie par les auteurs, celle qui la voit
se faire interner
dans un "asile d'aliénés féminines" pour en observer les
tristes conditions.
Saluons en premier le beau dessin de Carole
Maurel. Les
angles, les cadrages très variés servent réellement l'histoire et
pas seulement
à montrer sa virtuosité. Ils mettent en valeur les expressions des
personnages
et leurs émotions. L'encrage, l'utilisation de mine grasse,
donnent un aspect
charbonneux, sali, qui, associé aux tons froids bleutés et
verdâtres dépeignent
bien l'époque et surtout l'atmosphère menaçante des lieux
d'enfermement. En
effet, l'investigation de Nelly Bly nous montre les mauvais
traitements réservés
à "ces folles" dont l'internement a été décrété de façon parfois
arbitraire, le caractère sadique de l'encadrement, les soins
inappropriés.
Ollagnier, Maurel, Bly, si ce n'est pas déjà
fait, sont trois
femmes puissantes à connaître d'urgence !
