Editeur : Casterman

Dans La paresse du
panda, leur petite fille et musicienne Lily
("panthère-rockeuse-pop-tribale qui aurait bouffé du folk-Art Déco" (sic))
vit une période d’arrêt d’activité, de retraite et d’investigation,
trouvant dans les écrits de son aïeule matière à introspection et à
inspiration. Ce sont donc deux récits en parallèle, se déroulant à des
époques distinctes, que l’on suit. Touchants et très bien écrits.
Extraits :
"Je crois bien que la technologie crée plus de fantômes que des
milliers d’années de magie blanche ou noire. Allô, quoi ! On te parle à
travers un écran, un bip t’annonce la mort d’un proche ou bien que l’on
pense à toi au bout du monde. Sans diaboliser, tandis que tu joues sur
ces machines, est-ce que je ne disparais pas à tes yeux et tes oreilles
?""En roulant des pelles à l’étranger, tu croyais briser la barrière de la langue, lily, mais tu tournais en rond."
"Tous ces gens dans l’obscurité formaient un gouffre bien plus
menaçant. Se jeter dans le vide. Guetter la transe. Etre la bête traquée
dans les feux d’une jeep. Désirée mais désormais grimée, je pensais
éteindre mes fards.
Le public me faisait parfois songer à des touristes
en safari. Filmant avant de regarder. Photographiant sans voir.
J’espérais ne pas leur en laisser le temps. Ne pas faire illusion, mais
sensation. Couper les jambes, mais les faire danser. Arracher les
cerveaux, mais les faire rayonner. Que nous nous sentions plus vivants
que jamais. Eux et nous. Ensemble."
Chronique par Jean Alinea
