Editeur : Rue de Sèvres
Voici
une réédition du texte intégral du chef-d’oeuvre de Lewis Carroll,
illustré cette fois par Guillaume Sorel, un dessinateur virtuose, au
style souvent sombre, dont nous avions surtout apprécié les bandes
dessinées Algernon Woodcock (6 tomes aux éditions Delcourt), ou, dans
une moindre mesure, Le mâle de mers ou Les derniers jours de Stefan Zweig (chez Casterman).
Pour
aborder ce grand classique-ci, Sorel s’est distancié radicalement de la
vision naïve et aseptisée de Disney, se basant d’ailleurs sur une
traduction française signée Henri Parisot, au plus proche de la
retranscription fidèle des jeux de mots, des allusions complexes et de
la musicalité du langage de Carroll. Le dessinateur redonne à Alice
plusieurs caractéristiques du personnage initial : une brunette aux
taches de rousseur, espiègle et effrontée. Il lui manque
toutefois un peu de sa gaieté. Après, il faut bien entendu lire le roman
pour saisir les subtilités que ne peuvent apporter les seules
illustrations, le plus souvent consacrées aux scènes-clés archi-connues :
la chute dans le terrier, le lapin blanc en retard, les conseils du ver
à soie, le thé avec Le Lièvre de Mars et le Chapelier, l’intransigeance
de la Reine de Cœur, le Chat du Cheshire, etc.
Cette version
d’Alice au Pays des Merveilles est un livre hybride, à mi-chemin entre
l’ancien ouvrage pour enfants et l’oeuvre littéraire que peuvent
apprécier les adultes, amateurs de lettres et d’art d’aujourd’hui. On
peut toutefois regretter que le format et le papier choisis ne soient
pas des plus appropriés à la tenue en mains pour une longue lecture et
que le graphisme de la mise en page - pour le moins basique - ne rende
pas plus honneur aux illustrations.
Chronique par PJ