BD : Les somnambules

Auteurs : Randall C.
Editeur : Casterman



Lui
et sa compagne s’endorment sur la plage et, surpris par la marée, se retrouvent à marcher au fond de la mer. Puis sans transition dans une forêt, poursuivis par un éléphant carnivore. Avant d’explorer l’estomac d’un diplodocus volant…
 
Le rêve a ses logiques que la logique ne connaît pas, et que l’art aime à retrouver quelquefois. S’il a fallu attendre Alice au pays des merveilles pour que la littérature trouve son chef d’œuvre onirique, le rêve a visité la BD dès sa naissance avec l’inoubliable Little Nemo. Puis vinrent le monde épuré du Krazy Kat de George Herriman, les voyages Philémon de Fred sur les lettres du mot "Atlantique", les doux délires psychédéliques de Forest, les fantaisies grégaires de F’Murr dans Le génie des Alpages C’est dans cette prestigieuse lignée de rêveurs d’exception que s’inscrit le dessinateur belge (pardon : flamand) Randall C. dont la première incursion dans la BD, Les Somnambules, est un petit bijou d’onirisme poético-philosophique.

En cherchant bien, on pourrait trouver dans son dessin les influences possibles de Carlos Nine ou de Bill Plymton en plus doux. On notera quelques possibles emprunts cinématographiques : l’histoire du chamane qui permet à son peuple de "voir" les caravelles espagnoles, vue dans le documentaire What the bleep do we know ; ou encore ce personnage qui ne craint pas la mort parce qu’il connaît la façon dont il doit mourir – idée vue dans Big Fish de Tim Burton.
Peu importe en fait, puisque l’univers de Randall C. est cohérent dans son incohérence, fluide, élégant, sensuel.

Un joli voyage velouté au pays de l’Onironie.



Chronique par Geoffroy d'Ursel