VUAZ,
c’est un livre à la langue qui marche, c’est une roue libre lancée sur
les paysages du Jura. C’est Pain, Camion, Surin et Surimi, c’est Louis
Gagarine, c’est Père et Mère. C’est les litrons de café, la chicorée, la
viande et le poisson, les légumes et les pommes de terre. Pas le
seigle, le seigle ça rend malade.
Tous les jours, la
même rengaine, la même faim, la même famine. Tous les jours, le même
boulot, les mêmes vaisselles. Pain, Camion, Surin, Surimi, Louis
Gagarine, Père et Mère. Et puis les chiens, les cabots, les molosses.
Eux, la bande, la famille, la smala. Nés dans la peur du peu. La Grande
Peur du Peu. Dans le fond de la faille, la faille du fond. Dans la
boue.
On lit suspendu au texte qui défile sur les pages
comme un caillou qui dévale une colline. Et le lanceur de caillou, c’est
Vincent Tholomé et son Univers né d’une résidence à Saute-Frontière
dans le Jura. Tout dans le Tout, VUAZ est une phase d’un projet à plus
long terme. Mis en page par Patrice Masson, celui qui fait rebondir le
caillou sur les pages-collines, VUAZ est un texte de rencontre avec les
odeurs et les saisons. Avec les textures et l’humidité. Le sombre et la
lumière, dans une fine brillance de pluie.
Sans
comparaison possible, c’est un texte comme un courant, c’est un
toboggan, inutile d’essayer de ne pas glisser, ça ne se peut pas. Le
monde de VUAZ est si proche si loin, et à la fois si vrai.
Chronique par Virginie