Editeur : The Hoochie Coochie
Premier coup de projecteur sur les productions de The Hoochie Coochie,
une audacieuse maison d’édition, basée à Poitiers :
En peu de
temps, leur catalogue s’est, mine de rien, enrichi de livres signés par des auteurs
expérimentaux à compter parmi les plus intéressants du moment, tels le
français L.L. de Mars (dont nous vous avions déjà parlé ici), le suisse Alex Baladi (qui mériterait qu’on en parle davantage en nos pages) ou encore le belge Robert Varlez.
Contemporain d’artistes surréalistes tels André Stas ou Martin Vaughn-James (cf. La Cage, aux éditions Les Impressions Nouvelles), Robert Varlez a été tour à tour éditeur
(l’Atelier de l’Agneau, dans les '70s), dessinateur dadaïste, avant de devenir génial
collagiste (faites un petit tour sur sa page Facebook pour vous en
convaincre). Détourneur d’images à la manière d’un Marcel Mariën,
iconoclaste percutant et engagé, la personnalité de l’homme est en
revanche affable et discrète.
L’équipe de The Hoochie Coochie est allée sauver de l’oubli diverses de
ses planches publiées dans des revues telles Minuit (en 1975 déjà) ou (A
SUIVRE). Ces courtes séquences de bandes dessinées muettes avaient la
particularité de se baser sur les chronophotographies - très "scientifiques" -
d’Eadweard Muybridge, pour en métamorphoser ensuite la logique, susciter la
surprise et questionner les sens (perceptions, finalité de la vie, narration) par
l’absurde.
Dessinant à l’encre de Chine sur papier calque, Robert Varlez réinventait ainsi les règles des ombres et lumières, métamorphosait les corps et leurs animations, repoussait les limites de la figuration et de l’abstraction. En résultait un univers assez inquiétant, voire kafkaïen. Le signifiant pouvait soudainement se couper du signifié, les lignes de composition d’une case interférer avec celles décomposant le mouvement… sans oublier le sens de lecture au bord de l'implosion dans Le Verdict, qui clôt Séquences.
Ce livre est une première compilation de ces
expérimentations qui devan-çaient en quelque sorte celles auxquelles
s’adonneraient plus tard les membres de l’Oubapo (Ouvroir de
bande dessinée potentielle, à l’Association) ou M.-A. Mathieu.
Dessinant à l’encre de Chine sur papier calque, Robert Varlez réinventait ainsi les règles des ombres et lumières, métamorphosait les corps et leurs animations, repoussait les limites de la figuration et de l’abstraction. En résultait un univers assez inquiétant, voire kafkaïen. Le signifiant pouvait soudainement se couper du signifié, les lignes de composition d’une case interférer avec celles décomposant le mouvement… sans oublier le sens de lecture au bord de l'implosion dans Le Verdict, qui clôt Séquences.
Les livres de Robert
Varlez sont trop rares pour passer à côté, que l’on soit amateur de
surréalisme, passionné de l’histoire de la BD ou de productions
alternatives. La plupart de ces séquences a brillamment passé l’épreuve du temps et l’ensemble, enfin réuni, constitue un ouvrage d’anthologie à vous procurer d’urgence. En plus, vous soutenez par
la même occasion The Hoochie Coochie qui, comme toutes les petites
structures d’édition, en a sans doute bien besoin.
Chronique par Joachim
N.B. : à la demande de l’éditeur, l’artiste a récemment créé de nouvelles pages, qui complèteront de prochaines rééditions.
Excellente nouvelle ! Espérons d'autre part la publication d'un catalogue de ses collages, art dans lequel il excelle.