Editeur : Futuropolis
Silvano Landi est un écrivain qui n’écrit plus, hospitalisé dans une clinique
psychiatrique, souffrant peut-être d’une schizophrénie brutale,
d’obsessions, de perte de contact avec la réalité,… Le scénario ne nous
le dit que progressivement mais on se doute, dès les premières pages,
que la structure psychique du héros est en souffrance…
Oscillant
entre "souvenirs" de guerre, celle des tranchées, et le présent d’un
homme en relations distantes avec sa fille, avec ses médecins, on
comprend au fil du récit le lien qui unit le personnage à un aïeul : des
lettres du front, des lettres d’amour et de désespoir. De cette autre
histoire que la sienne, Landi s’est fait un manteau de folie. Lui qui
n’est pas dessinateur, il passe pourtant ses jours à exprimer deux
mêmes thèmes sur le papier : un arbre mort et une station service. Deux
symboles de tragédies qui ont bouleversé sa vie.
Beaucoup de variations dans le graphisme : de
belles scènes d’aquarelle dans la noirceur mais dans l’intensité
sûrement, en alternance avec des esquisses correspondant à la froideur
des "spectateurs" de sa folie.
Parcours de deux hommes
en un seul, solitude et anéantissement, dans un récit construit de
façon vraiment brillante. Les émotions se succèdent et se mélangent :
incompréhension, peur, compassion, horreur, sans verser dans le cliché
ou le pathos. Tout semble juste : un roman graphique réussi.
Chronique par Virginie
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par le même auteur.